Sylvie Malgrange
Comment gérez-vous votre stress en ce moment ?
La situation d’incertitude que le monde connaît depuis plusieurs semaines, avec des risques qui nous affectent tous, provoque des bouleversements émotionnels à différents niveaux et génère souvent beaucoup de stress. Chacun se trouve confronté à l’inquiétude de ne pas savoir, pour soi, pour ses proches, et pour le monde entier, de quoi demain sera fait… La situation nous échappe et nous ne sommes pas maîtres de son évolution car des décisions sanitaires, des enjeux économiques, et des choix politiques entrent en jeu, bien loin de notre périmètre d’action.
Outre la sensation désagréable de ne pas avoir le contrôle, nous pouvons, en raison des mesures nécessaires de distanciation sociale, nous sentir isolés, coupés de notre fonctionnement social habituel. Différentes émotions peuvent nous toucher, et beaucoup d’entre nous doivent gérer en tout cas une bonne dose de stress, le nôtre, mais aussi celui de nos proches. Nous pouvons nous sentir stressés par les changements de repères : tout le monde à la maison, c’est la plupart du temps plus de stress car il faut souvent tout à la fois assurer son télétravail, surveiller les cours en ligne des enfants, gérer la logistique familiale, les courses, le partage du wifi, les tensions inhérentes à la vie en vase clos avec des enfants d’âge différent et limités dans leurs sorties,…Tristesse, anxiété, frustration, peur pour soi et pour les autres,… Il nous faut accepter et vivre la situation d’aujourd’hui, sans vraiment savoir si, quand, et comment se fera le retour à la « normale », tout en imaginant que les choses seront forcément différentes après, mais en ne sachant pas de quelle façon…
Ces émotions sont bien normales, et il est important de les accepter afin de pouvoir vivre avec le stress le plus sereinement possible… Il ne faut en aucun cas fuir ou nier sa tristesse, sa peur, sa colère, car alors les dommages à moyen ou long terme seraient plus grands… On ne sait pas forcément quoi faire de ces émotions qui nous embarrassent, mais elles sont là pour nous signaler quelque chose, sur nous-mêmes et sur notre environnement. Le stress est là pour nous prévenir d’un danger et nous permet de nous en protéger, à condition de l’accepter, de le gérer, et de le surmonter…
Comprendre son état émotionnel :
Se demander régulièrement «Comment je me sens, là, tout de suite ? Quelles sont mes sensations (fatigue, perte d’énergie, maux de dos, migraines, douleurs, tensions,…) ? Qu’est-ce que cela peut signifier ? Quel est le message derrière cette émotion ? ».
Prendre du temps avec son émotion pour comprendre à quel besoin elle se rapporte : « Qu’est-ce qui me fait peur ? Qu’est-ce qui me rend triste ? Qu’est-ce qui me met en colère ? Besoin de sécurité lié aux risques sanitaires? Besoin d’échanges liés à l’isolement ?... ». Nommer l’émotion, comprendre ce qu’elle peut vouloir dire, permet bien souvent de réduire son intensité, de l’accepter, de la désamorcer, de s’en détacher et de la réguler.
Accepter et réguler son stress:
Etre attentif à ce que l’on ressent et se demander « Comment est-ce que je me sens et comment est-ce que je voudrais me sentir ? Qu’est-ce que je peux faire pour me sentir mieux ? Quelle pensée pourrait m’aider à me sentir mieux ? »
En ces temps d’incertitude où beaucoup de choses nous échappent, l’un des domaines sur lesquels nous pouvons garder le contrôle est notre façon de voir les choses. On peut choisir la perspective qui nous permettra de trouver quelques aspects positifs à la situation et qui nous aidera à nous sentir plus confiants pour le futur. Penser à ce qui peut finalement s’avérer positif dans cette expérience, aux leçons qu’on en retirera, savoir reconnaître les émotions positives, et valoriser ces moments uniques de partage en cercle familial restreint…
Respirer, se concentrer sur le moment présent, être attentif aux sensations corporelles et à ce qu’elles traduisent… Se créer un cadre, une organisation, et un rythme de journée respectueux de ses propres besoins et de son équilibre physique et émotionnel. Se fixer des objectifs, même légers, en rapport avec ce qu’on veut accomplir pendant cette période incertaine, et mesurer régulièrement les avancées… Et aussi échanger, communiquer, partager, car « une joie partagée est une double joie, une peine partagée est une demi peine ».
Prendre soin des autres :
En tant que parents, nous vivons le challenge, encore plus que d’habitude, de rassurer, soutenir, encourager nos enfants et de les aider à gérer leur propre stress. Nous avons aussi une responsabilité envers nos parents, plus vulnérables, envers nos aînés, plus fragiles, il s’agit d’assurer leur sécurité sans leur faire prendre de risque, et tout en leur garantissant des échanges réguliers et une connexion bienveillante, même à distance… Dans tous les cas, c’est un savant dosage, entre présence, écoute, encouragement, respect des limites et des valeurs de chacun, qui nous permet d’être là pour l’autre quand il en a besoin, et quand on comprend qu’il en a besoin, même si lui n’en a peut-être même pas conscience… Et quand on donne aux autres, on se sent plus léger et plus serein, on peut même ressentir de la joie, et ça, c’est le meilleur antidote au stress !
